Le Grenier d'entre les mondes
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Chapitre 2 - L'Étoile s'éveille

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Chapitre 2 - L'Étoile s'éveille Empty Chapitre 2 - L'Étoile s'éveille

Message par Mickaël Dim 12 Fév - 0:29



D'abord, la remarque de l'adolescent ne suscita pas le moindre intérêt auprès de ses camarades. Lise, qui enroulait autour de son doigt l'une ses longues dreadlocks blondes, prit d'ailleurs bien soin de faire remarquer au jeune garçon le non-sens de ses propos en faisant rouler ses grands yeux verts dans un longs soupir sonore.

Peu à peu, pourtant, les regards se portèrent sur l'extérieur, et les élèves les plus éloignés de la fenêtre commencèrent à se tordre pour apercevoir le soit-disant phénomène. Puis, ignorant les murmures de protestations du professeur qui s'épongeait le front derrière les piles de classeurs usés recouvrant son bureau, quelques adolescents quittèrent leur pupitre pour se regrouper près des grandes vitres.

Il ne resta bientôt plus que quelques élèves assis, dont Alex et Eliane, ignorant, par sérieux ou par manque total d'intérêt, les gloussements surpris de leurs camarades. L'adolescente, après un coup d’œil au groupe amassé devant le ciel de la nuit hivernale naissante, se tourna vers Alex, qui haussa brièvement les sourcils dans un sourire de défi.

Sourire auquel elle répondit, suivi d'un signe de tête sur la droite du garçon. Lorsque ce dernier, paupières plissées avec suspicion, suivit son regard, ses deux amis, dévorés par la curiosité, avaient rejoint le reste de la classe.

- Sérieusement ? s'exclama-t-il, bras ballants.

Matthias, plus grand et tout en muscles, s'était frayé un chemin sans problème devant les élèves, et répondit à son ami par un regard effaré.

- Tu devrais venir voir ça mon pote !

Alex se tourna vers Éliane, qui avait croisé les bras en attendant de le voir céder à la tentation, puis bondit de sa chaise, mâchoire contractée, ignorant l'expression triomphante de la jeune fille.

Finalement seule derrière son pupitre, tenant précautionneusement ses distances avec une agitation qu'elle imaginait d'office injustifiée, Éliane tapota nerveusement des doigts la surface de bois. Mais, et je pense que vous n'auriez pas réagi différemment, la jeune fille ne put combattre bien plus longtemps la curiosité qui avait eu raison de ses camarades. Ainsi, dans un long soupir exaspéré, elle rejoignit la foule quelques secondes après Alex, pour faire face à l'obscurité de la nuit tombée depuis peu.

Ainsi, de concert, les deux adolescents levèrent les yeux au ciel, pour assister à un phénomène que leurs camarades n'avaient pas exagéré le moins du monde.

Avez-vous déjà expérimenté la contemplation d'un spectacle si beau que tout autour semblait avoir disparu ? Une vision assez pure pour vous ôter la parole, et vous arracher une larme ?

La personnalité d'Éliane et Alex, que l'on pouvait aisément qualifier d'explosive, les avait, en cette période trouble qu'est l'adolescence, privés depuis bien longtemps de l'un de ces instants précieux.

Ils ne durent généralement qu'une poignée de secondes, et semblent cependant vous envelopper des heures durant, avant de s'évaporer sans prévenir.

Et pourtant, l'étoile trônait toujours dans son château céleste, tamisant avec bienveillance l'obscurité d'une lueur argentée.
Y en avait-il d'autres, ce soir là ?
Personne ne saurait le dire, tant les yeux convergeant vers ce point unique avaient été obnubilés par un phénomène que personne, tout du moins au début, ne tentait d'expliquer. On voulait juste contempler.

Rien d'autre.

Ce fut le son strident de la sonnerie marquant la fin de la journée qui arracha brutalement les lycéens à leur hypnose. Et pour la première fois, aucun d'eux ne se précipita sur son matériel scolaire pour l'enfourner dans son sac à dos avant de fuir les murs de l'établissement. Pas même Alex, qui ne vivait, comme vous l'aurez compris, que pour la liberté qui s'offrait à lui passées les grilles de son carcan quotidien.

Lentement, les adolescents rangèrent leurs affaires, sans un regard pour leur professeur consterné, les yeux toujours rivés vers l'extérieur. Dans les couloirs, les murmures reprirent leurs droits, pour évoquer avec pudeur les curieuses émotions ressenties à la vue de la lueur céleste.

A peine les portes du bâtiment passées, les lycéens rentrèrent à l'unisson leur cou dans l'épais col de leur manteau d'hiver, agressés par une brise glacée. Néanmoins, nul ne sut empêcher ses jambes de ralentir leur progression pour profiter de la vision de l'étoile avant de se la voir confisquée par les épais murs du foyer.

- Tu penses que c'est vraiment une étoile ?

Éliane fit volte-face dans un sursaut. Plus émerveillée qu'elle ne l'aurait imaginée par le curieux spectacle, elle n'avait même pas remarqué qu'elle s'était immobilisée au milieu de la cour du lycée, et que Mélanie, l'une de ses amie, l'avait rejointe.

- Je ne vois pas ce que ça doit être d'autre... J'imagine que si ça avait été une sorte de comète, son approche aurait été observée depuis un moment.
- Ou peut-être que c'est la Fée Bleue qui débarque pour transformer le pantin Robbins en véritable petite fille.

À nouveau, Éliane bondit. Elle n'avait pas vu approcher Alex, entouré de ses deux acolytes hilares.

- Est-ce qu'il t'arrive de la fermer de temps en temps Mayer ? Ou est-ce qu'il fallait absolument que tu cases dans une conversation que tu as un jour réussi à lire un conte jusqu'au bout ?

Dans une vaine tentative de se donner une contenance, Alex remonta la longue écharpe de voile blanc qui enveloppait son cou et le haut col de sa veste, avant de rejoindre sa camarade dans un rictus méprisant. Percevant l'imminence d'une confrontation comme un marin voit approcher la tempête, Mélanie recula prudemment de quelque pas.

Face à face, Alex et Éliane se toisèrent d'abord sans un mot, ignorant le froid qui paralysait sournoisement leurs articulations.

Puis dans un long soupir de lassitude, la jeune fille arqua un sourcil.

- Qu'est-ce qu'il y a Alex ? Tu réfléchis à une autre référence qui prendrait la poussière à l'arrière de ta jolie crinière blonde ?
- Petite flatteuse.
- De toutes les qualités imaginables chez un être humain, il n'y a qu'à tes cheveux que j'ai réussi à accorder un peu d'honneur. Je ne m'emballerais pas si j'étais toi.
- Ne te voile pas la face, tu es toujours sur mon dos Robbins... Tu sais ce qu'on dit...
- Tu m'évoques un roquet Mayer. Un vilain petit roquet qui aboie à tout va pour se faire remarquer et se donner plus d'importance qu'il n'en a vraiment.

La joute verbale, presque humoristique, venait de tourner au vinaigre, et au règlement de comptes. En une fraction de seconde, le visage de l'adolescent se crispa, trahissant la susceptibilité qu'il lui était si cher de dissimuler.

- Toi et moi on va commencer à avoir un sérieux problème, Robbins.

Éliane haussa les épaules avec détachement.

- Je ne vois qu'un problème. Et il est en face de moi. En train de se tenir sur la pointe des pieds pour essayer de me regarder dans les yeux sans se provoquer un torticolis. C'est un peu comme ça que tout le monde te voit tu sais Mayer ?
- C'est maintenant que je dois m'attendre à un exposé qui va me congeler sur place plus vite que l'hiver ?
- Voilà exactement ce dont je parle, mon bonhomme. Une blague par-ci, une menace par-là, histoire d'imposer un semblant d'autorité qui n'effraie personne. Tu fais rire, je peux t'accorder ça. Mais à tes dépens. Parce qu'à part les deux énergumènes qui se marrent bêtement dès que tu lâches un mot, y a pas grand monde pour t'accorder un semblant de crédit.
- Ferme-là Robbins.

La corde sensible avait été touchée, et Alex, qui s'évertuait à afficher son détachement en toute circonstance, serrait cette fois les poings dans un bruyant craquement de doigts.

- Alex... Il se passe quelque chose de bizarre là-haut...

Matthias, dont les yeux écarquillés ne parvenaient à s'arracher à la vision céleste, reculait doucement, suivi par Lise et Mélanie, bouche bée.

Mais, regards imperturbables plantés l'un dans l'autre, Alex et Éliane ne prêtèrent aucune attention à ce qui se tramait autour d'eux. Auraient-ils dû ? Aurait-il fallu qu'ils lèvent à leur tour les yeux au ciel, pour fuir comme leurs camarades ?

Non. Car en ce jour, tout était exactement à sa place, pour que leur histoire débute.

Leur grande aventure.

- On risque de passer encore un bout de temps ensemble, déclara Éliane, en apposant une main sur l'épaule d'Alex en signe de défi. Alors il va falloir t'y faire : les autres se tairont, mais moi je n'ai pas fini d'être sur ton dos.
- Compte là-dessus Robbins.

Et sur ces mots, Alex agrippa le poignet d'Éliane pour s'en dégager.

C'est alors que le moment arriva.

L'instant extraordinaire.

Tandis que la lueur de l'étoile mystérieuse s'intensifiait brutalement, Alex se trouva dans l'incapacité de desserrer l'étreinte de ses doigts, liés au bras de son adversaire. D'abord, il se débattit. Éliane tenta, avec rage, de s'en dégager à son tour.

- Lâche-moi !
- Je ne peux pas c'est...

Alors, éblouis par la lueur céleste, les deux adolescents, au centre de la cour grise et froide, sous le regard de leurs amis éloignés, firent converger leur regard vers l'astre.

Dans un ballet hypnotisant, l'étoile s'était déployée en volutes vaporeuses. Tels des rubans légers portés par le vent, elles filèrent droit vers les deux adolescents trop envoûtés pour penser un instant à fuir, ou à crier. Peut-être ont-il su, ce jour là, que tout effort aurait été vain, et que l'appel de l'étoile ne pouvait être ignoré.

Alors, avec légèreté, les rubans argentés s'enroulèrent autour de leurs membres, pour les réunir dans une danse mystique et solennelle.

Ignorant les hurlements des adolescents alentours, leurs amis, et le monde qui les entourait, Éliane Robbins et Alex Mayer, croisèrent leur regard une dernière fois, avant que la vapeur astrale les liant l'un à l'autre rejoignent le ciel.

Et les emportent.

Et c'est ainsi, mes amis, que l'on conta, bien plus loin que vous ne pouvez l'imaginez, le début de leur histoire.

Mickaël
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